Le défi lancé à la démocratie espagnole par le séparatisme catalan avec le référendum qui doit se tenir le 1er octobre concerne l’Europe tout entière.
Après la crise de l’Euro, la guerre en Ukraine, le Brexit et
les dérives de la Hongrie et de la Pologne, l’Europe est confrontée à
une autre crise qui met en péril l’existence du projet de sécurité
– physique, matérielle, juridique et dans une certaine mesure, sociale,
qu’est le projet communautaire : le défi lancé à la démocratie espagnole
par le séparatisme catalan. Face au boulevard concédé à l’exposé du
récit séparatiste dans les grands médias européens, à la pusillanimité
des appels au «dialogue» ou au silence assourdissant des institutions
communautaires et des gouvernements des Etats membres, un effort de
pédagogie s’impose, à dix jours d’un référendum illégal à l’importance
transcendante.
Tout récit national est une geste historique et celle de la
Catalogne ne manque pas de hauts faits : au souvenir lointain de comtats
puissants, s’ajoute celui plus récent de la résistance courageuse du
peuple catalan au fascisme durant la guerre civile, à laquelle George
Orwell rendit un puissant hommage. Et si la région s’est affirmée comme
le laboratoire de la modernité industrielle, politique, sociale et
culturelle en Espagne depuis la seconde moitié du XIXe siècle,
force est de reconnaître qu’elle le doit pour partie à la montée en
puissance d’une conscience nationale propre, d’essence élitaire comme
dans la plupart des nationalismes, mais socialement progressiste. La
contribution de la Catalogne à la transition démocratique aura également
été essentielle, et il suffit de relire les pages consacrées par le
Madrilène Jorge Semprún à son émotion lors de la première «Diada» (1)
autorisée, en 1977, pour saisir que la récupération par les Catalans du
droit à leur culture, fut une conquête pour tous les démocrates
espagnols (2).
Et pourtant, le storytelling habilement déployé par le camp
séparatiste est à mille lieues de ce mouvement culturel démocratique,
européen et ouvert. En lieu et place, on retrouve, répétés comme un
mantra, tous les clichés du nationalisme le plus obtus, teintés de
racisme, de mépris de classe, voire d’une forme de suprématisme
culturel : d’un côté, le «nous», un peuple éduqué, travailleur,
progressiste, honnête, républicain et européen. De l’autre, «eux»,
canaille ibérique rétrograde, paresseuse et corrompue, attachée à une
monarchie démonétisée à force de scandales et perpétuellement en retard
sur l’heure européenne. Inutile d’y opposer la «catalanisation»,
c’est-à-dire l’européanisation, de la société espagnole dans son
ensemble depuis la mort de Franco, ou le fait que certaines des affaires
de corruption les plus juteuses de ces dernières années, concernent
précisément le nationalisme catalan bon teint, dont la conversion au
séparatisme coïncide avec sa fréquentation des tribunaux espagnols… Dans
ce récit qui aligne les faits alternatifs, «Espanya ens roba»
(l’Espagne nous vole) et l’activisme des juridictions espagnoles en
matière de corruption politique, n’est que le reflet, tantôt d’une
corruption
L’immobilisme de Mariano Rajoy n’est pas la cause première de l’impasse politique
Ce storytelling dispose assurément d’un allié «objectif» en
la personne de Mariano Rajoy. En place depuis 2011, le chef du
gouvernement issu du Parti populaire aura survécu aux scandales à
répétition ayant éclaboussé sa gestion, ainsi qu’à deux élections
législatives qui auront ébranlé le bipartisme espagnol sans parvenir à
lui faire perdre son fauteuil à la Moncloa. Son attentisme pittoresque
aura contribué à accentuer la gravité de la crise ouverte avec
Barcelone, en la privant de toute échappatoire politique. De plus, la
tentation est forte de faire du recours constitutionnel du Parti
populaire, alors dans l’opposition, contre le nouvel Estatut de la
Catalogne approuvé par référendum en 2006, le péché ultime ayant ouvert
la voie d’une sécession unilatérale. Or, outre que plus de 90% de
l’Estatut furent validés par le juge constitutionnel (14 articles
censurés sur 223), les éléments retoqués, principalement axés sur la
reconnaissance irréversible d’une nation catalane dotée d’un primat
linguistique et de droits empiétant largement sur les compétences
régaliennes, constituaient bien un casus belli constitutionnel, fut-ce
dans un état de facto fédéral. S’il fut sans doute une erreur politique
funeste, le recours exercé contre l’Estatut ne dédouane en rien l’actuel
gouvernement catalan de sa fuite en avant hors de tout cadre légal et
de tout mandat politique univoque. Le tout, au prix d’une polarisation
sociale très vive au sein même de la société catalane, dont toute une
génération de fils et filles d’émigrés de l’intérieur a fait reposer son
ascension sociale sur la promesse d’une identité gigogne – catalane,
espagnole et européenne.
généralisée, tantôt d’une persécution des patriotes catalans.
Lire tout entiere à: http://www.liberation.fr/debats/2017/09/21/l-avenir-de-l-europe-se-joue-a-nouveau-en-catalogne_1597969
(Li sembla horrorós que en un pais europeu es faci secessió, perquè en podrien venir d'altres... Per això blasma els "nacionalismes"... Hi ha gent per tot. Cuca de Llum)
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